voleurs de scènes

CHARLIE HALL
Charlie Hall, acteur
Charlie Hall (ci-dessus dans TIT FOR TAT, 1935) est arrivé aux U.S.A. venant d'Angleterre en 1920.
[Note: il peut exister différents titres francophones pour un seul titre original de film de L & H, voir page "les films".]
Il y était membre de la troupe de music-hall de Fred Karno (que Hal Roach tenait comme un génie et un précurseur du slapstick) troupe qui inclua aussi Chaplin et Stan Laurel.
CH joua au cinéma quelques quarante fois avec L & H (sur ses trois-cents vingt rôles au cinéma), apparaissant au plus frappant dans le rôle d'un petit teigneux les haïssant d'emblée, et auxquels il n'accordait jamais aucune chance de dialogue a priori. Hardy lui, opposa au personnage de CH une sophistication de langage, une courtoisie issue d'un sens passionné du savoir-vivre face à l'image prolétarienne de CH (jouant souvent un rôle de travailleur manuel méprisant les manières bourgeoises).
Charlie Hall confronté à Laurel

Charlie Hall confronté à Laurel, prend le spectateur à témoin
(dans DOUBLE WHOOPEE)

Quand la courtoisie hardyenne était dopée par la proximité de l'épouse de Hall la mèche s'enflammait illico.
Les entrevues violentes entre L & H et Hall furent au sommet dans BATTLE OF THE CENTURY (1927) et DOUBLE WHOOPEE (1929), deux chefs d'oeuvre, puis dans THEM THAR HILLS et sa suite, TIT FOR TAT (1934 et 35).
Hall a tourné hors L & H, dans plus de deux cents cinquante films, souvent simple silhouette non créditée au générique, de 1921 à 56.
Il est mort à soixante ans (en 1959).
ANITA GARVIN
Anita Garvin, actrice
Anita Garvin (ci-dessus faisant du charme à Hardy dans THEIR PURPLE MOMENT, 1928) débuta à la scène chez Mack Sennett et comme danseuse ("Ziegfiel girl") dans la troupe des Ziegfield Follies. Elle s'en échappa lors de la tournée du musical SALLY à l'occasion d'une étape en Californie (en 24) où elle se mit à jouer pour de multiples petites compagnies de courts métrages burlesques pour finir par trouver un contrat chez Hal Roach.
Elle apparut dans quatre-vingt seize films dont onze avec L & H dont quatre des meilleurs (de 1927 à 1930): BATTLE OF THE CENTURY, FROM SOUP TO NUTS, THEIR PURPLE MOMENT et BLOTTO. Stan Laurel l'appréciait beaucoup. Il réalisa lui-même deux films avec elle avant 1927 et sa grande période Hal Roach avec Hardy (BOOK BOZO et SHOULD HUSBANDS PAY? (1925 et 26)).
Anita Garvin avait un tempérament burlesque étonnant, à la fois sexy et clownesque, une liberté de mouvements (certes obligatoire dans le genre mais chez elle portée au mieux), par exemple illustrée par sa remise en question de sa superbe féminine pour dans un mouvement souple, chuter le derrière en plein sur une tarte à la crème, et s'en débarrasser en secouant la jambe avec précaution afin que la crème s'en détache et chute, ce qui reste inefficace (dans BATTLE OF THE CENTURY (1927)).

Anita Garvin évoque ses intentions futures envers l'homme qui l'a plaquée
(THEIR PURPLE MOMENT)

Dans FROM SOUP TO NUTS (1928), elle est chargée d'incarner le cliché de la mondaine récente donnant une réception "haute société" et restant mal à l'aise dans ce rôle (son diadème lui retombe souvent sur le nez): le personnage cliché au départ devrait être ridiculisé et antipathique mais Garvin parvient à révéler là un trait contrasté. En effet, elle exprime une certaine complicité avec L et H qu'elle doit accepter comme extras de service de repas pas très doués pour celà (comme le précise le carton de la société qui les a envoyés et dont elle prend connaissance, que H lui tend sans l'avoir lu lui-même espère-t'on). Aussi, par quelques touches, le spectateur est autorisé à s'imaginer qu'elle vient de la même classe populaire que les deux serveurs. Un détail de plus est l'attitude du mari d'Anita (Tiny Sandford) qui reste boudeur et affiche un désintérêt pour les mondanités.
De son expérience de travailler avec L & H, Garvin: A propos de Stan (...) les réalisateurs croyaient qu'ils le dirigeaient. (...) Mais c'était lui, Stan... Il était très intelligent là-dessus. (...) L'esprit de Stan travaillait sans cesse, toujours à réfléchir à trouver des gags et des actions. Le scénario ne signifiait rien. (traduit de l'anglais). [Source: interview de A Garvin par Stuart Oderman dans "Talking To The Piano Player: Silent Film Stars, Writers And Directors Remember", S Oderman, BearManor Media, 2004.]
Selon des commentateurs, Garvin joua dans un chef d'oeuvre: A PAIR OF TIGHTS (1929) dont les rôles masculins auraient paraît-il, dû être tenus par L et H, remplacés par Edgar Kennedy (voir plus bas) et Stuart Erwin. Ce fut une tentative de former un tandem type L & H féminin avec Marion Byron qui ne fut pas prolongé (deux autres films: FEED 'EM AND WEEP et GOING GA-GA (28 et 29). Cette entente mérite une photo hors L&H tout en bas de cette page.
Garvin abandonna le cinéma en 1940.
Elle mourut à quatre-vingt sept ans, en 1994.
JAMES FINLAYSON
James Finlayson, acteur
James Finlayson (ci-dessus dans BIG BUSINESS, 1929) a tourné trente-trois films avec L & H, dix-neuf avec Laurel seul et trois avec Hardy seul (sur les deux-cents cinquante rôles de sa carrière).
Né en Ecosse, il a envahi les U.S.A. comme Hall et d'autres plus célèbres pour réussir dans le vaudeville (en 1916), est embauché chez Mack Sennett mais tout de suite après (1922) par Hal Roach, qui essaya d'en faire une vedette en l'utilisant à égalité avec L & H pour un trio comique, ce qui échoua.
Il serait injuste de le sousestimer en le cantonnant à deux ou trois expressions, dont le fameux oeil furibard froncé. En effet devant BIG BUSINESS, il se fait jouissif à certaines personnes de goût de noter la gestuelle dynamique de JF, faite de courses furieuses entrecoupées de figements brutaux tel un joueur de tennis, l'homme réservant alors une partie de son corps hors du figement, par exemple un bras qui se balance seul, inerte, mû paradoxalement par l'immobilisation soudaine.
Laurel imite James Finlayson

Stan Laurel imite James Finlayson dans BIG BUSINESS

Le dynamisme général de JF durant tout ce dernier film, est d'ailleurs étonnant, qui le montre arpenter les mêmes vingt mètres de terrain en allers et retours obstinés, assurant non seulement sa rapidité de déplacement mais aussi ses chutes, car la même rapidité le mène à une certaine étourderie quant aux obstacles sur son parcours. L'apothéose de ce dynamisme est atteinte avec foule de gestes désordonnés et déments alors que, couché à terre par épuisement et fatigue nerveuse, il se débat au milieu des débris de sapins et d'automobile de L & H dont il est lui-même responsable par réponse aux attaques lâches des deux vendeurs de sapin (cf rapide résumé dans la filmo).
Il est décédé en 1953.
MAE BUSCH
Mae Busch, actrice
Mae Busch (ci-dessus dans SONS OF THE DESERT (1933)) était une irrésistible actrice comique endossant des rôles assez différents, au contraire de Hall ou Finlayson toujours cantonnés dans le même personnage quand aux côtés de L & H.
Elle n'a pas joué que l'épouse vindicative de Hardy (comme celà a été un peu trop écrit), ou l'objet de son admiration illicite pour elle (dans ce cas, elle est mariée à quelqu'un comme Charlie Hall dans les sommets de L & H que sont THEM THAR HILLS et TIT FOR TAT (cf plus haut Charlie Hall).
Il faut noter son rôle ambigü de la délinquente qui par manoeuvre se jette au fleuve devant L & H (dans COME CLEAN (1931)), prétendant vouloir se suicider en attendant qu'ils la repêchent, ce qu'ils font, puis se révèle emmerdeuse totale et pot-de-colle compromettant (ils sont mariés): "Maintenant que vous m'avez sauvée vous pouvez vous occuper de moi!". L'attitude de la rescapée vire donc au chantage et ce détail d'intrigue entrerait très bien dans une histoire de style noir. D'ailleurs, la police finit par venir la chercher avec 1000$ de prime à la clef pour Laurel.
Elle joua aussi, bien plus tôt, la princesse Vera Petchnikoff, complice de l'escroc joué par Erich von Stroheim dans FOOLISH WIVES/FOLIES DE FEMMES (1922) et apparut même deuxième (après Lon Chaney) au générique de THE UNHOLY TREE/LE CLUB DES TROIS (1925), de Tod Browning. Elle quitta la Keystone de Mack Sennett après une entrevue fautive avec celui-ci qui déplut à Mabel Normand, maîtresse régulière de Mack.
Cet écart asocial lui permit de passer chez Hal Roach pour le sommet de sa carrière de second rôle comique, et de rencontrer L & H pour douze films sur ses cent-vingt huit rôles.
Mae Busch face à Hardy

Mae Busch conversant avec Hardy
dans SONS OF THE DESERT

Elle apparaît après sa période Hal Roach dans toutes sortes de rôles non crédités dont THE BLUE DAHLIA/LE DAHLIA BLEU (1946).
Elle meurt la même année, à cinquante-quatre ans.
EDGAR KENNEDY
Edgar Kennedy, acteur
Le titre de cette page correspond très bien à Edgar Kennedy, qui avait paraît-il tendance à prendre le pas sur ses partenaires.
Une petite carrière de boxeur professionnel le mena logiquement de fil en aiguille à celle de chanteur de numéros musicaux itinérants. Il fut l'un des mythiques KEYSTONE KOPS de Mack Sennett, joua un peu avec Chaplin et rejoignit le rival de Mack, Hal Roach.
Il y rencontra donc L & H pour neuf films (sur ses quatre-cents quarante rôles au cinéma), jouant assez souvent un policier en uniforme assez indulgent mais torturé mentalement par L & H. Il fut réalisateur vingt-cinq fois dont pour deux excellents films de L & H: YOU'RE DARN TOOTIN' et FROM SOUP TO NUTS (1928 pour les deux).
Edgar Kennedy sollicite une entrevue avec Hardy

Edgar Kennedy sollicite une entrevue avec Hardy
dans UNACCUSTOMED AS WE ARE (1929)

Il est mort en 1948.
Sans oublier Tiny Sandford, Arthur Housman, Billy Gilbert...
Hardy et Tiny Sandford

Hardy et Tiny Sandford (1894-1961) dans
DOUBLE WHOOPEE (1929)

Arthur Housman

Arthur Housman (1889-1942) dans THE FIXER UPPERS (1935)

Billy Gilbert entre Hardy et Laurel

Hardy, Billy Gilbert (1894-1971)
et Laurel dans THE MUSIC BOX (1932)

Anita Garvin et Marion Byron dans A PAIR OF TIGHTS)